Le temps semble ralenti, transformé. Depuis l'annonce samedi soir du passage en stade 3, mon pays a un nouveau tempo.
Les obligations habituelles sont interdites. La pression sociale et le rythme imposé à chacun, des enfants aux plus grands, sont soudainement radicalement abolis.
Les comportements doivent changer. Plus de contacts physiques. On respecte une distance entre les uns et les autres. A voir comme cela de l'extérieur, c'est comme si on dansait différemment ensemble.
On ne prend plus un virage de la même manière dans la rue.
On ne rentre plus dans une boulangerie pressé ni ennervé, encore moins avec le besoin de veiller à ce que le petit malin de derriere, ne nous double , l'air de rien, comme ça, juste parce que sa pomme est sans aucun doute plus importante que la notre.
Tout semble s'ajuster souplement entre tous. Les espaces de chacun sont désormais respectés, ne sont plus envahis. Intéressant non ?
J'aime voir ces bulles humaines se déplacer souplement, entièrement dans les allées des parcs et dans les rues presque vides de nos villes.
C'est joli car en évitant la contamination d'un virus invisible, c'est tous les parasitages qui sont abolis de fait ! Quel soulagement ! Quel apaisement !
C'était donc si présent avant ? Si pesant ? Etait-ce donc sur le mode du parasitage que nous échangions entre nous auparavant ? Y avait-il les parasites et les parasités ? Hummm, ça pourrait bien être ça non ?
Alors quoi ? Finalement, c'est plutôt sympa non, cette distance respectueuse que tout le monde s'impose !
Enfin, soyons réalistes, il n'y a ici aucune volonté ni intelligence personnelle. Voilà bien au contraire un mouvement qui nous dépasse totalement, qui nous est imposé collectivement.
Ca aussi ça remet les pendules à l'heure. Voir les individualismes dans l'obligation de se soumettre à un grand mouvement collectif, intéressant non ?
Ca y est. Tout est mis en place. L'économie est gelée pour au moins deux mois. La France tourne au ralenti avec un plan d'urgence à respecter. Tout le reste est remis à plus tard, du petit bobo aux chiffres d'affaires des entreprises. Nous entrons dans l'ère de la relativité. Nous allons découvrir comment un monde peut s’effondrer et comment nous avons toutes les ressources pour laisser émerger le nouveau. Extraordinaire, non ?
Recueillement en soi, il n'y a plus rien à faire que de se retrouver . Quel programme !
Alors cela peut-être un peu violent pour certains qui avaient une vie durant fuit cet espace de l'intériorité.
Pour d'autres, c'est juste du pur bonheur ! Enfin un temps plein et entier, imposé en plus, pour se retrouver, méditer, se restaurer, explorer le champs de ses possibles...
Pour une fois, on ne peut pas se dérober. On ne peut que se soumettre à ce grand mouvement trans-personnel qui impose au collectif tout entier un grand passage.
Les derniers bastions individualistes vont lâcher. L’égoïsme verra de fait l'écueil de sa petitesse dans le nombre de mort inversement proportionnel à son action.
La solidarité, en revanche, basée sur la responsabilité des individus, entre déjà en oeuvre, fruit de ce long processus d'individualisation des consciences.
Alors allons y gaiement ! Ce n'est que le début. Entrons dans le processus. Nous allons être transformés, métamorphosés. La société toute entière va être transfigurée car chacun aura transmuté et avec chacun de nous tout l'espace de nos relations à soi, à l'autre, aux autres, au travail, au temps, ...
Et pour que ça se passe bien, c'est comme un accouchement : écoute de la musique, danse, chante, médite, ne fais rien puis mets toi en mouvement, puis ne fais rien, lâche le cerveau, sens tes pieds, ton ventre, ta respiration, laisse circuler l'énergie en toi, pratique tes routines quotidiennes de santé... Tu n'as plus d'excuse. Tu as tout ton temps. Tu peux le faire. Prends plaisir. Sois heureux-se ! Souris ! La vie est belle !